Aluminum, fils en acier et cuivre, module de relais automatisés par Arduino, e-bows (181x116,8x8x4cms)
Cloison électromagnétique faite de résonances, Corralejas est une métaphore de tradition. Et de liberté ? Il y a deux images derrière ce projet d’objet-installation sonore. La première est celle de la cloison. La cloison comme symbole de l’impossibilité d’accès à la terre. Un des facteurs les plus importants du conflit colombien a été la propriété de la terre. Pendant plusieurs décennies, plusieurs milliers de paysans ont été chassés de leurs terres par la violence paramilitaire avec une grande complicité du gouvernement et d’une élite composée en grand nombre par des éleveurs de bovins. La deuxième image est celle de l’électricité. Des fils d’acier sont mis en branle par un système robotisé d’électro-imans produisant des champs magnétiques. Les cordes se mettent ainsi à résonner, créant une atmosphère sonore imposante, enveloppante. Une prison inévitable et invisible bâtit en abstraction de la douleur des victimes et du silence de victimaires. Le nom de Corralejas fait référence aux fêtes populaires de cette région du nord de la Colombie au cours desquelles on torée dans la même arène plusieurs novillos à la fois, et les spectateurs sont libres d’y accéder en toréadors improvisés.
16 cymbales, 16 transducers, 8 amplifiers, Bela audio card
« La découverte de l’œuvre sonore au détour d’un chemin est insolite. L’espace de l’installation sous un arbre a quelque chose de magique, comme si le végétal protégeait un lieu secret. Les étranges suspensions, qui pourraient évoquer de loin des fruits, sont en fait des cymbales suspendues à des hauteurs différentes. Un dispositif électronique transmet, grâce à des inducteurs, des sons très légers sur les surfaces métalliques qui vibrent chacune avec un timbre distinct. La géométrie particulière de l’instrument propage les vibrations de façon omnidirectionnelle, une forme de réverbération que l’artiste associe à un effet surround faisant voyager les sonorités. Une spatialisation sonore qui implique les corps dans des trajectoires de sons et produit une véritable présence sous ce dôme naturel. L’attention du visiteur est ainsi ramenée sur un moment d’intimité en créant une sorte d’empathie avec la nature tout autour. »
Nadia El Beblawi, historienne de l’art
Fragment du texte du catalogue de la triennale de sculpture contemporaine Bex & Arts 2020 « Industria »
pour e-bows et structure métallique
pour 16 cymbales et transducteurs
en partenariat avec